lundi 26 octobre 2009

*** Le Cirque Romanès – Paradis tzigane

@Romanès

Délia « la terrible » et son mari Alexandre, accompagnés de leur attachante tribu de saltimbanques, prennent leurs quartiers d’hiver dans la capitale et nous offrent un spectacle à leur image : poétique, joyeux, vivant et vrai. A voir en famille.

Entrer sous le chapiteau du cirque Romanès, c’est pénétrer au cœur de cette famille de circassiens tziganes installée pour tout l’hiver dans le très chic 17e arrondissement de Paris. Sur la piste, toute la tribu – la grand-mère, les enfants, les cousins, les oncles, les épouses et même une chèvre – s’en donne à cœur joie pour nous embarquer dans son univers gitan authentique. Rythmés par la musique tzigane « des petits anges du pays de Dracula », les numéros d’acrobatie, de jonglage, de trapèze et de danse s’enchaînent avec une fluidité étonnante et une bonne humeur communicative.

Imaginé par Alexandre Romanès (descendant de montreurs d'ours, écrivain ami de Jean Genet et poète publié chez Gallimard) et sa femme Délia (une incroyable Gitane originaire de Hongrie), Paradis tzigane est un spectacle simple, familial et vrai. Un spectacle qui n’a rien à voir, et surtout rien à envier, aux superproductions des familles Bouglione ou Gruss. A découvrir en famille jusqu'en janvier avant le départ de la troupe pour d’autres aventures sur les routes d’Europe. (Tout public, à partir de 5 ans.)

Paradis tzigane (1h30) du Cirque Romanès, sous chapiteau, 42-44 bd de Reims, 17e, prolongation jusqu'au 30 mai. www.cirqueromanes.com

vendredi 23 octobre 2009

* Le Démon de Hannah

Le directeur de la comédie des Champs-Elysées, Michel Fagadau, met en scène les retrouvailles d’Hannah Arendt et de Martin Heidegger, 25 ans après leur première nuit d’amour. Décevant.


Les origines du totalitarisme fut mon livre de chevet pendant une longue partie de mes études. Voir une pièce qui traitait des retrouvailles, dans les années 1950, de son auteur, Hannah Arendt, intellectuelle juive allemande exilée aux Etats-Unis, avec son ex-amant et mentor, le philosophe Martin Heidegger rallié à Hitler pendant la guerre, m’intéressait donc.

Malheureusement, la mise en scène de Michel Fagadau ne m’a pas convaincue. Pour tout dire, c’est surtout sa direction d’acteurs qui m’a gênée. Si Didier Flamand est tout à fait à la hauteur du rôle d’Heidegger, Elsa Zylberstein, elle, est très décevante dans celui d’Hannah Arendt. A force de sur-jouer chaque émotion, elle dessert le texte d’Antoine Rault (auteur l’an passé du Diable rouge). Dommage car la pièce – et notamment par la voix d’Hannah Arendt – interroge de façon pertinente l’attitude d’Heidegger pendant la guerre : comment l’auteur d’Etre et Temps a-t-il pu adhérer au National socialisme ? Etait-il réellement antisémite ou a-t-il rallié la cause d’Hitler par opportunisme ? Pourquoi est-il encore incapable, cinq ans après la guerre, de dénoncer l’horreur du nazisme ? Didier Flamand est juste dans ses réponses contradictoires et ses silences honteux. Elsa Zylberstein beaucoup moins.

Les acteurs de cinéma ne sont pas toujours brillants sur les planches. En voilà une nouvelle fois la preuve !

Le Démon de Hanah (1h40) d’Antoine Rault, mise en scène de Michel Fagadau. A la Comédie des Champs-Elysées, jusqu’en déc. www.comediedeschampselysees.com

lundi 19 octobre 2009

*** Xavier Mortimer – l’Ombre orchestre

Quand un jeune artiste met son talent et son imagination au service de sa passion, la magie, cela donne l’Ombre orchestre, un spectacle aussi surprenant que poétique. A Voir en famille.

J’ai découvert Xavier Mortimer au festival off d’Avignon il y a trois ans dans une toute petite salle, qui déjà, ne désemplissait pas. J’ai tout de suite été séduite par cet artiste gracieux et délicat. Avec ses boucles brunes et son visage lunaire, Xavier Mortimer ressemble à un ange. Un ange de 29 ans tout droit tombé du ciel qui allie, dans une performance totalement originale, le mime, la magie, le jonglage, la musique, le théâtre gestuel et la danse pour créer un genre nouveau : la comédie magique. Un genre poétique et délicat qui se rapproche plus de l’univers des fanfares, du nouveau cirque et des films muets de Charlie Chaplin ou Buster Keaton que de celui des shows démesurés de Las Vegas. Car contrairement aux spectacles de magie traditionnels, l’Ombre orchestre n’est pas une succession de numéros. C’est un spectacle qui privilégie la poésie du non-dit pour raconter des histoires merveilleuses. Magique ! (Tout public, à partir de 7 ans.)

Visuel@Stéphane Kerrad

L’Ombre orchestre (1h) de Xavier Mortmier, mise en scène de Jean-Paul Rollin. Au Théâtre La Bruyère, jusqu’au 3 jan. 2010. www.theatrelabruyere.com

jeudi 15 octobre 2009

*** Duda Paiva – Morningstar


La marionnette contemporaine est un art souvent méconnu du grand public. Elle recèle pourtant des merveilles. Le spectacle de Duda Paiva, qui explore les territoires de nos démons intérieurs, en est une.

C’est il y a deux ans, au festival les Giboulées de la marionnette à Strasbourg, que j’ai découvert Duda Paiva. Son spectacle Morningstar, création violente, effrayante et presque dérangeante sur les relations d’un homme avec son double démoniaque (sa marionnette), fut pour moi un choc, une véritable « claque ».

Car Duda Paiva n’est pas un marionnettiste comme les autres. C’est un artiste radical et complet (il est aussi danseur) qui utilise une technique de manipulation extrême : il fait corps avec sa marionnette. Dans Morningstar, celle-ci est un monstre de mousse, une créature étrange venue de l’enfer, qui s’empare peu à peu de son corps. L’intensité du rapport entre l’artiste et sa marionnette est alors telle qu’on finit par ne plus savoir qui de l’homme ou de sa création en mousse manipule l’autre.

Duda Paiva, artiste brésilien installé aux Pays Bas, est aussi l’auteur d’Angel et de Maledictions (création présentée l’année dernière à Pantin dans le cadre de la Biennale internationale de la marionnette). Il se produit rarement en France. Sa participation au festival théâtrale du Val d’oise ce week-end est donc une occasion rare de le voir sur scène. (Spectacle en anglais, pour adultes)

Morningstar (1h40) de Duda Paiva, mise en scène de Paul Sewlyn Norton. A l’Espace Lino Ventura, (Garges-lès-Gonesse). Le 17 oct. www.thea-valdoise.org

mardi 13 octobre 2009

* Le Cirque Plume – l’Atelier du peintre

@Yves Petit

C’est avec une immense impatience que j’attendais de découvrir la dernière création du Cirque Plume. J'ai été déçue...

Au départ pourtant, tout commence très bien. La première partie de l’Atelier du peintre est à l’image de la compagnie fondée et dirigée depuis 1984 par Bernard Kudlak : pleine de poésie, de finesse, d’ingéniosité et de grâce. L’association des arts du cirque et des grands maîtres de la peinture – thème de cette 9e création, après l’eau développée dans le sublime Plic Ploc il y a 5 ans – est aussi pertinente que maitrisée ; On y voit des jongleurs, acrobates et clowns entrer dans des tableaux, se transformer en statue, s’amuser avec les œuvres de Velazquez, Klein ou Soulages. C’est coloré, frais, vif, drôle, inventif… Et on se dit, au bout d’une heure de spectacle, que le Cirque Plume nous a concocté là un très grand spectacle.

Malheureusement, l’Atelier du peintre dure deux heures. C’est long pour un spectacle de nouveau cirque. Même pour une création du Cirque Plume ! Au bout d’un moment, j’ai donc commencé à décrocher, trouvant les numéros moins pertinents, les intermèdes clownesques trop nombreux… Bref, je me suis lassée et j'ai fini par m’ennuyer. Dommage mais sans rancune !

Car malgré ce spectacle en demi-teinte, la compagnie de Bernard Kudlak reste, plus de 20 ans après sa création, l’une des formations de nouveau cirque les plus talentueuses du moment. Et c’est avec une immense impatience que j’attends déjà de découvrir sa prochaine création. (Tout public, à partir de 8 ans.)

L’Atelier du peintre (2h) du Cirque Plume. A l’espace Chapiteaux - Parc de la Villette, jusqu’au 20 déc. www.villette.com


jeudi 8 octobre 2009

*** Vers toi terre promise, tragédie dentaire

@Christine Sibran

Après son succès l’an passé au Théâtre du Rond-Point, le texte de Jean-Claude Grumberg, mis en scène par Charles Tordjman, est repris à Marigny. On y court !

Sur le papier Vers toi terre promise est une histoire tragique. Celle d’une famille juive, les Spodek, ayant tout perdu pendant la guerre. Leur cabinet dentaire a été réquisitionné par de « bons français » en 1942, leurs deux filles ne sont jamais revenues après 1945. L’une est morte dans les camps, l’autre a choisi de rester cloitrée dans le couvent où elle s’était cachée.

Comment survivre à la perte d’un enfant ? Comment être juif quand on ne croit plus en Dieu ? Dans quel pays vivre lorsqu’on n’a plus de patrie ?

Il faut du talent pour aborder ces questions sans tomber dans le pathos. Jean-Claude Grumberg en est doté. Tout comme le metteur en scène Charles Tordjman qui adapte avec finesse, pudeur et humour – il y en a beaucoup dans le texte de Grumberg - cette tragédie française d’après guerre. Ajoutez à cela des comédiens au sommet de leur art (Christine Murillot et Philippe Fretun, dans les rôles de Clara et Charles Spodek, sont particulièrement justes et touchants) et vous obtenez une pièce d’une intelligence et d’une humanité rare.

Vers toi terre promise (1h40) de Jean-Claude Grumberg, mise en scène de Charles Tordjman. Au théâtre Marigny, jusqu’au 22 nov. www.theatremarigny.fr

samedi 3 octobre 2009

** Vie Privée – Philadelphia Story


C’est d’abord pour voir Anne Brochet et Julien Boisselier sur scène que j’ai pris mes places pour Vie Privée. C’est toujours tentant (bien que souvent décevant !) de voir des « stars de cinéma » au théâtre. Et bien je n’ai pas été déçue. Les deux sont tout à fait à leur place dans cette jolie comédie américaine de Philip Barry mise en scène par Pierre Laville.

Soit, Tracy Lord (Anne Brochet), une belle et jeune héritière de Philadelphie, s’apprêtant à célébrer en grande pompe son second mariage. Sauf que la veille des noces tout se complique : son père, un influent politicien, est sur le point d’être compromis dans une affaire de mœurs tandis que son ex-mari, qui veut la reconquérir, cherche à s’inviter à la cérémonie avec un journaliste de la presse à scandale. Le mariage aura-t-il lieu ? Avec qui Tracy passera-t-elle devant le maire ? Son fiancé, son ex-mari ou le jeune journaliste de gauche ? Pendant deux heures (que l'on ne voit pas passer), on suit ce ballet amoureux d’avant-guerre chez les riches qui allie avec délice marivaudage et comédie sociale. C’est frais et léger… comme une coupe de champagne chez les Lord !

Vie Privée – Philadelphia Story (2h) de Philip Barry, mise en scène par Pierre Laville. Au Théâtre Antoine, jusqu’au 15 nov. www.theatre-antoine.com

jeudi 1 octobre 2009

*** Philoctète

@Christian Ganet/ArtCom Art

Christian Schiaretti, le directeur du TNP de Villeurbanne, offre à Laurent Terzieff un rôle magistral et sur mesure : celui du vieux guerrier Philoctète. Une pièce à voir pour admirer le jeu classieux de cet acteur sublime.

L’année dernière Christian Schiarretti recevait le Molière du théâtre public et celui du meilleur metteur en scène pour Coriolan de Shakespeare. Son Philoctète, d’après Sophocle, peut-il prétendre à un tel destin ? Peut-être pas. Si la mise en scène, dépouillée à l’extrême, sert parfaitement le long poème de Jean-Pierre Siméon ; si les acteurs, très impliqués (Laurent Terzieff dans le rôle de Philoctète, mais aussi David Mambouch dans celui de Néoptolème, et Johan Leysen en Ulysse) nous tiennent en haleine de la première à la dernière seconde du spectacle, il manque toutefois un petit quelque chose à la dernière création de Christian Schiaretti. Peut-être une forme de violence ou de rage…

Mais qu’importe ! On va voir Philoctète pour voir Laurent Terzieff. Et on n’est pas déçu ! A 74 ans, l’acteur au visage émacié mais à la voix puissante, qui revient à l’Odéon 50 ans après avoir joué Cébès dans Tête d’or de Paul Claudel, est sublime dans le rôle de Philoctète, ce vieillard infirme et seul, abandonné par les siens depuis 10 ans sur une île déserte et inhospitalière. Touchant de fragilité et de douleur, tantôt désespéré, têtu, ironique ou tendre, Laurent Terzieff est parfait dans le rôle de ce mendiant perdu, de cet ancien guerrier révolté et trahi. Une immense performance d’acteur qui justifie de courir applaudir Philoctète sur scène.

Philoctète (1h50) de Jean-Pierre Siméon, d’après Sophocle, mise en scène de Christian Sciaretti. Au Théâtre de l’Odéon, jusqu’au 18 oct. www.theatre-odeon.fr

Du côté des enfants en octobre…

Les vacances de la Toussaint approchent. Voici deux spectacles à voir en famille.

Xavier Mortimer - L’Ombre orchestre. Cela fait plusieurs années que L’Ombre orchestre tourne dans les salles parisiennes. Mais on ne s’en lasse pas ! Avec ses grands yeux clairs et son visage lunaire, Xavier Mortimer ressemble à un ange. Un ange qui marie avec succès le théâtre, la danse, le mime et l’illusion pour créer un genre nouveau : la comédie magique. A partir de 6 ans. L’Ombre orchestre (1h) de Xavier Mortimer, mise en scène de Jean-Paul Rolin. Au Théâtre La Bruyère, à partir du 16 oct. www.theatrelabruyere.com

Le Cirque Romanès – Paradis tzigane. Délia et Alexandre Romanès prennent leur quartier d’hiver dans la capitale. Comme tous les ans, à peu près à la même époque, ils plantent leurs chapiteaux boulevard de Reims, dans le 17e arrondissement. On y va en famille pour y découvrir leur dernière création, un spectacle qui devrait être à leur image : c’est à dire joyeux, familial, poétique et sincère ! A partir de 5 ans. Paradis Tzigane (1h30) du Cirque Romanès. Sous chapiteau, 42-44 bd de Reims, 17e, à partir du 24 oct. www.cirqueromanes.com

Mon agenda d’octobre

Où va-t-on ce mois-ci au théâtre ? Petite sélection des lieux qui accueillent des pièces que j’ai aimées ou que je voudrais voir. En octobre, je vais…

Au Théâtre de l’Ouest Parisien (Boulogne) pour applaudir Guillaume Gallienne dans Les Garçons et Guillaume, à table ! Le seul en scène de ce sociétaire de la comédie française (aussi auteur d’une chronique humoristique dans le Grand Journal de Canal Plus) est le spectacle le plus drôle et le plus intelligent que j’ai vu l’année dernière. On y court !!! Du 21 au 27 oct., www.top-bb.fr

A la pelouse de Reuilly pour découvrir les nouveaux spectacles (Le Cirque des Gueux, entre autres) sélectionnés par la coopérative 2r2c dans le cadre de la 5e édition du festival Village de cirque. J’y ai vu de très jolies choses les années précédentes. Du 1er oct. au 1er nov., www.2r2c.coop

Au Théâtre Marigny pour admirer Juliette Binoche sur scène avec le grand chorégraphe Akram Khan dans In-I. Parce que je n’ai pas eu la chance de la voir l’année dernière au Théâtre de la ville… D’une pierre, deux coups, je pourrais aussi me laisser tenter par Les Diablogues de Roland Dubillard. Pour la curiosité de voir Muriel Robin et Annie Grégorio dirigées par Jean-Michel Ribes. In-I du 6 au 18 oct., Les Diablogues, à partir du 8 oct., www.theatremarigny.fr

Au Théâtre de la Colline pour Le Père Tralalère de la compagnie d’Ores et Déjà. Parce ce que je suis curieuse de voir cette pièce qui laisse une grande part à l’improvisation et parce que son metteur en scène, Sylvain Creuzevault, est l’un des plus talentueux de sa génération. Dans le cadre du Festival d’automne à Paris. Du 14 au 31 oct., www.colline.fr

Au Théâtre des Amandiers (Nanterre) pour la reprise de la pièce de Feydeau mise en scène par Jean-Louis Martinelli, Les Fiancés de Loches. Parce que je n’en ai entendu que du bien. Du 20 au 24 oct., www.nanterre-amandiers.com

Au Théâtre de l’Atelier pour découvrir Nathalie Baye dans Hiver de Jon Fosse et parce que ce lieu a toujours une très belle programmation. A partir du 20 oct., www.theatre-atelier.com

A la Comédie des Champs Elysées, pour voir Elza Zylberstein (c’est mon côté people !) dans Le Démon de Hannah. Jusqu’au 31 déc., www.comediedeschampselysees.com

Et toujours…

Au Lucernaire, Motobécane (jusqu’au 17 oct.) ; au Petit Montparnasse, Michel Jonasz – Abraham (jusqu’au 25 oct.) ; au Théâtre du Rond-Point, Fred Pellerin – L’Arracheuse de temps (jusqu’au 31 oct.) ; au Poche Montparnasse, Journal à quatre mains (jusqu’au 8 nov.) ; et au Théâtre Marigny, Vers toi terre promise, tragédie dentaire (jusqu’au 22 nov.).